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Mado
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Mado


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MessageSujet: Présentation   Présentation Icon_minitimeLun Jan 26, 2009 5:02 pm

Bon, je sais que Pierre a fait un sujet "Présentation physique" et que Nil proposait d'y poster l'histoire, mais ça me paraissait un peu trop d'accumulations d'un coup, donc j'ai pris l'initiative de crée ce sujet (d'autant que je compte en aligner une tartine d'histoire...). Si ça dérange trop, on pourra toujours le déplacer.
Donc, voilà, suite à la requête de Lena qui ne voulait pas lire d'un coup sec la longue histoire de ma petite bestiole, je vais la poster par Bref chapitre à mesure que j'avance! A bon entendeur... Suspense...



I- Vie humaine :

La vie humaine de Katelyne d’Hespérion commence le 6 Août 1713 et représente aujourd’hui la part la moins significative de sa longue existence. Elevée dans la dentelle la plus raffinée, elle eut la chance d’échapper de justesse au rigorisme asphyxiant des années Maintenon et grandit dans la plus parfaite sérénité sous la régence nettement plus coulante de Philippe d’ Orléans.
Son père, militaire reconnu, vit d’une moue sceptique l’arrivée dans ses rangs d’une fille et s’en désintéressa graduellement, laissant à d’autres, comme d’habitude, le soin de s’en occuper : en l’occurrence sa femme. Car la comtesse d’Hespérion, galvanisée par les nouveaux écrits mondains qui fleurissaient en cette période de libéralisation des mœurs, voyait avec un enthousiasme sans doute exagéré l’occasion de faire de sa fille, une vraie petite dame du monde… Aussi la jeune Katelyne eut droit aux meilleurs précepteurs possibles et reçu une éducation solide et charmante, entrecoupée, dès qu’elle eut l’âge de quelques ouvrages jugés par toute la bonne société outrageusement libertins, histoire de piquer son intelligence… Il n’était pas difficile de résumer l’adorable bouton de rose qu’elle était en train de devenir ; une simple phrase suffisait amplement :
« Elle était belle, elle était galante, elle avait beaucoup d'esprit, elle chantait bien ; elle dansait bien ; elle jouait de toute sorte d'instruments ; elle écrivait fort joliment en vers et en prose et sa conversation était fort divertissante. »

Bref, la jeune Katelyne rentrait admirablement dans tous les codes de séduction de son époque et était vu par tous les membres de la cour, comme le plus beau tableau de la jeunesse aristocratique. Encensée par le beau monde, elle atteignit ses 15 ans montée sur un piédestal dont elle était incroyablement fière et qu’elle jugeait amplement mérité. Elle se trouvait spirituelle, mutine, incarnation charnelle d’une nouvelle Mme de Merteuil et regardait sa société avec l’œil fixe d’un aigle royal précocement couronné. Elle refusa publiquement des demandes en mariage avantageuses, se fit spécialistes des petites phrases assassines qui défrayaient régulièrement la chronique et ne tarda pas à se considérer comme l’âme la plus brillante de son siècle. Elle suivait les modes, les goûts et les passions avec un talent certain et rien dans sa brillante rhétorique ne sortait jamais des canons imposés. Katelyne d’Hesperion atteint l’âge de 18 ans avec l’intime persuasion d’être mille fois plus que ce qu’elle était : le résultat facile d’une vie sans obstacle, une intelligence certaine qui n’avait jamais jugé utile de se confronter au moindre esprit…

Il y avait peut-être un détail étonnant chez cette jeune fille qui piquait la curiosité de ses pairs juste le temps de disparaître dans l’oubli, faute d’être aussi brillant que le reste de sa personne, c’était un intérêt coupable pour la peinture… Un sujet qu’elle n’abordait jamais avec qui que ce soit et qui lui servait, comme à toutes les jeunes filles de son âge, de passion secrète. Et pourtant, si la jeune libertine qu’elle était devenue se pâmait de vivre une vie de sensations permanentes, la seule chose pour laquelle elle avait toujours eu un regard étonnement sérieux était son chevalet personnel et une toile blanche. C’était un des rares moments où elle ne parlait pas, lorsqu’elle s’appliquait à reproduire les courbes subtiles d’une quelconque nature morte, d’un paysage de campagne, ou d’un salon enfumé. Mais c’est surtout les visages qui la subjuguaient.
Elle avait commencé par peindre sa mère, son père, son propre reflet dans un miroir et surtout les autres… Katelyne découvrait dans la reproduction de ces traits qu’elle se plaisait à détester un charme d’autant plus fort qu’il lui demeurait inexplicable ; c’était le fameux mystère qu’elle lisait dans tous les romans, et rien ne l’enorgueillit d’avantage, que de se savoir égale au plus grandes héroïnes de fiction.

C’est à ses 20 ans, lorsque sa popularité était au plus haut qu’elle fit la rencontre déterminante d’un noble déluré, petit baron de province au visage étroit, aux traits extrêmement effilés et aux yeux beaucoup trop perçants pour être tout à fait inoffensif, qui répondait au nom peu exceptionnel de Christophe de Malavoy. Sa réputation n’était pas à faire mais il n’appartenait pas aux cercles que Katelyne avait l’habitude de fréquenter et le premier regard qu’elle posa sur lui ne l’intima pas à s’y intéresser d’avantage. Entre deux âges, le baron de Malavoy n’était pas beau, mais il souriait tout le temps sans jamais rire et avait semble-t-il une quantité phénoménale d’anecdotes à raconter aux belles dames de la cour, qu’elles trouvaient parfaitement hilarantes… Il aurait été curé, chevalier, cardinal, courtisan, ministre ! Et il le racontait avec une telle adresse qu’on se laissait parfois aller à le croire, avant de tout oublier dans un coup d’éventail. Mais surtout, il aimait le cynisme, les bons mots et l’ironie et en usait à toute heure avec un naturel à faire frémir…
Katelyne n’y aurait jamais fait attention, s’il ne l’avait pas moqué devant tout le monde, après un de ses commentaires les plus artistiquement acides. Elle n’y aurait jamais fait attention s’il n’avait osé prétendre à SA place ; et elle y aurait fait encore moins attention si elle avait toujours trouvé quoi lui répondre.
Il l’appelait « mon enfant », se disait charmé par sa jeunesse, trouvé ses interventions d’une naïveté enfantine des plus rafraîchissantes et voyait en elle les germes d’une grande intelligence. Malavoy descendit un à un ses grands idéaux libertins, se contentant de sourire avec malice lorsqu’elle disait que rien n’arrêtait ses désirs avant de lui demander avec une délicatesse attendrie si elle savait faire autre chose que de citer les grandes dames.
Il l’aiguillonnait sur tout, ne lui laissait pas une minute de répit et ne semblait même pas se rendre compte des rires qui fusaient autour de leur petit groupe. Attentionné en apparence jusqu’au dégoût, il contrait tous ses arguments et gagnait avec un panache discret leurs moindres affrontements. Il se disait sceptique, dévot comme tout le monde et ne prétendait nullement à toutes ses splendides philosophies qui aimaient à faire un bruit d’enfer et à tâcher très fort. Il jouissait du monde avec modération, avait une rente commode, n’avait nullement un beau visage, lisait beaucoup, en parlait nettement moins…
Christophe de Malavoy semblait si soluble dans la foule que son éclatante répartie la faisait mourir de honte. Pas une fois, cette soirée, la brillante Katelyne d’Hespérion n’arriva à prendre l’avantage ; elle dût avoir recours à un pathétique sens de la galanterie pour se retirer enfin, victime d’un malaise. Il lui souhaita de se remettre au mieux, prétendu avoir adoré leurs discutions et se fendit d’une révérence polie, avec toujours le même sourire qui n’atteignait jamais ses yeux, joueurs.
Le premier portrait qu’elle fit de lui était hideux, révélateur de son âme minable et corrompue ; mais il souriait encore et ses petits yeux noirs, enfoncés dans son visage commun, la dévisageaient avec une curiosité ravie. Elle s’en voulut tellement d’avoir reproduit une telle expression qu’elle cessa de peindre pendant une semaine. Les soirées passèrent, semblables. Elle refusait de céder et s’enfonçait encore plus ; elle se battait du mieux qu’elle pouvait, attaquait partout, sortait les dents à la moindre occasion, se permettant les pires bassesses. Elle se souvint encore de s’être moqué de son physique ingrat ; il n’avait fait que sourire encore en joignant son côté et s’était lui-même chargé de se ridiculiser, faisant de nouveau rire tout autour de lui. Il lui avait dit ce soir là qu’elle était au contraire belle à peindre…
Katelyne se voyait déjà en disgrâce lorsqu’elle reçu une visite inattendue du Baron honni, dans son hôtel particulier ; elle ne sut pas vraiment pourquoi elle accepta de le recevoir.
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Mado
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MessageSujet: Re: Présentation   Présentation Icon_minitimeJeu Fév 05, 2009 7:06 pm

II – L’art du portrait :

Il avait prétendu avoir été surpris de son absence et être venu s’assurer qu’elle était en pleine santé et avait déblatéré pendant tout le début de leur entretien des mondanités polies auxquelles elle ne répondait que du bout des lèvres, les yeux assassins. Mais même ça ne semblait pas apte à démonter Christophe de Malavoy, même l’hostilité ouverte d’une orgueilleuse bafouée sur son propre territoire. Peu des choses courantes semblaient d’ailleurs s’accorder avec les contours flous de cet étonnant personnage.

« Qu’est-ce qui vous passionne tant dans la peinture, comtesse ? », lui avait-il alors demandé après une longue minute de silence, d’un ton calme et le regard brillant d’une curiosité scrutatrice. Katelyne avait étouffé le choc profond qui s’était brusquement abattu sur elle par une réponse évasive et ennuyée. Pour elle, ce n’était qu’un simple passe-temps…

« Mais dans ce cas pourquoi n’en avoir jamais parlé ? Dans un salon vous auriez fait fureur. Or personne ne le sait et… »

« Comment le savez-vous alors ? »


Sa réponse avait claqué comme un coup de fouet, accusatrice et aiguisée, crachée comme un défi. Elle s’attendait à voir son visage se décomposer, hésiter, découvrir enfin sur ses traits un soupçon de doute et de malaise, car il ne pouvait pas réagir autrement s’il avait vraiment dit ce qu’elle avait cru entendre. Mais là encore une déception brûlante fut au rendez-vous ; il sourit de plus belle et répondit avec douceur.

« Vous vous méfiez, c’est bien, mais ce n’est pas le moment… »

Cette fois elle ne réussit pas à cacher sa stupeur ; elle tâchait de tout analyser en même temps, bouleversée d’être arrivé à réunir autant de paradoxes en une même situation. Un homme exécré, seul avec elle dans son salon privé, aux prémices de la nuit, ayant plus ou moins avoué l’avoir espionné dans ses secrets les plus intimes et lui proposant élégamment de parler peinture avant de céder à la panique. Et pourtant, le Baron Malavoy ne sembla pas y prêter attention, car il s’était lancé dans une longue énumération de ses peintres préférés, des visages qu’il se plaisait à reproduire. Il citait avec une passion peu contenue les couleurs les plus aptes à recréer un grain de peau, ses techniques favorites, expliquait son amour pour la puissance symbolique des natures mortes avant de revenir sur les portraits, les portraits et encore les portraits… Une telle quantité d’informations et de détails que Katelyne n’osa pas interrompre son flot de parole, prostrée qu’elle était, sans pouvoir bouger, sur son fauteuil.
Finalement, il s’arrêta, au milieu d’une explication et reporta sur elle son habituel sourire paternaliste, pour lui demander.

« Qu’est-ce qui vous fascine tant dans l’art du portrait, comtesse ? »

Elle avait cessé de respirer et serrait beaucoup trop fort le tissu de sa robe pour empêcher sa main de trembler ; lui la regardait toujours, élégamment installé dans siège, calme et détendu et dont les yeux la fixaient avec la même insistance. C’est à ce moment que Katelyne réussit enfin à mettre un nom sur la sensation qu’il lui faisait réellement éprouvé à ce moment même. Et il lui fallu tout son talent durement acquis de contrôle pour éviter de la faire transparaître… Une terreur sans nom.

« Sortez ! Immédiatement ! Sortez de chez moi, ou j’appelle mes gens ! »

Elle aurait aimé ne pas crier, ne pas donner d’elle une image aussi vulnérable mais la présence de Malavoy lui était de plus en plus insoutenable ; un vieil instinct de survie, auquel elle n’aurait jamais cru devoir un jour faire appel, s’était brutalement rappelé à elle. Et pourtant, cet homme qui lui semblait si dangereux s’était redressé au moment même où elle s’était mise à le menacer et se levait lentement, les paumes levées en signe d’apaisement. Accrochant son regard, elle regretta de ne pas avoir simplement mander ses gens sur le champ, à l’heure qu’il était, le Baron serait déjà dehors et elle n’aurait pas cette impression désagréable de ne pas pouvoir ouvrir la bouche. Elle tremblait de tous ses membres, tendue à l’extrême et une sueur froide lui coulait lentement dans le dos ; elle persistait tout de même à ne pas le quitter de ses yeux brûlants, la dernière chose qui restait peut-être encore de la superbe de Katelyne d’Hespérion.
Malavoy se mordit pensivement la lèvre, comme s’il assistait à un spectacle auquel il ne s’était pas attendu, ou qu’il se retrouvait face à un animal particulièrement nerveux et qu’il fallait prendre avec délicatesse. Il n’avançait que par petits pas et son visage se transforma graduellement en un masque surpris, alors qu’il reprenait de la même voix calme…

« Enfin, comtesse, vous n’avez tout de même pas peur de moi… De quoi ai-je l’air ? Je suis vieux, laid, sans ambition et mon nom n’est pas reconnu. Je vous ai transmis le moyen idéal de reproduire à l’identique un trait déjà flou ; je n’ai fait que vous parlé de tour de pinceau. Je n’ai rien de menaçant, mon enfant… »

« Alors comment savez-vous que je peints ? Personne, ici, personne ne le sait ! »

« Disons simplement que mes yeux voient légèrement plus loin que la normal ; c’est une qualité que je m’efforce de cultiver… »

Il s’était arrêté à quelque pas d’elle, avec le même sourire rassurant et elle se détendit légèrement ; elle s’en voulu la seconde qui suivit.

« Un exemple, au hasard, de l’intérêt d’une certaine clairvoyance. Vous, mon enfant ; si j’avais dû m’arrêter au premier regard, je n’aurais contemplé qu’une jeune aristocrate imbue d’elle-même et dont l’intelligence relative n’aurait pas même valu une seconde de mon intérêt. Mais quand on se permet d’aller plus loin… »

Un sourire ironique apparut péniblement sur le visage de Katelyne…

« Il ne faut pas se fier aux apparences, j’imagine… »

« Considération commune et encore une fois d’un autre que vous, mais très vrai dans un certain sens… Mais dans ces conditions, pourquoi perdez-vous votre temps à reproduire ces mêmes apparences ?»

Malavoy la regardait toujours avec le même regard enfoncé, perçant et incroyablement peu en accord avec l’éternel plissement de ses lèvres. Il lui semblait soudain très grand, beaucoup trop imposant tout d’un coup, un regain de méfiance envahit l’esprit de Katelyne, qui se tendit de nouveau. La Baron sembla le remarquer, car il soupira, l’air sincèrement désolé…

« Je ne sais pas quoi vous dire pour vous persuader, comtesse… Quand on mesure l’homme et qu’on le trouve si petit, pourquoi y accorder tant d’importance ? Je ne suis pas venu vous menacer, je n’y aurais aucun intérêt, me rire de vous ? Pas de public… Vous tuez ? Croyez-moi, comtesse, si cette idée ridicule m’était venue à l’esprit, vous seriez déjà morte depuis longtemps… »

Imperceptiblement, ses lèvres s’entrouvrir, révélant une touche de blanc qui rehaussait discrètement son teint blafard et poudré ; Katelyne se surpris à l’imaginer en peinture… Elle ne répondit pas, continuant à le regarder fixement, attendant le moindre indice à même de lui donner une ouverture.

« Et pourtant, vous ne faîtes pas confiance, vous vous méfiez, vous êtes tendue, pire ! Vous n’avez pas envie de l’être. Je suppose qu’en apprenant mon arrivée, vous imaginiez toutes les situations possibles, sauf celle dans laquelle vous vous trouvez désormais ; aussi peu à même d’agir. C’est étonnant, comtesse, avec votre réputation, que vous teniez si peu… Je n’étais pas habitué à écouter votre silence… »

Il fit un pas vers elle, tout sourire, les mains légèrement en avant, comme pour sous-entendre qu’elle n’avait rien à craindre.

« Mon enfant, vous me surpassez en tout point : en richesse, en beauté et en influence. Vous êtes la coqueluche de tous les salons mondains depuis des années maintenant et pourtant, face à moi, vous n’arrivez pas à répondre à une simple question. Pourtant ce devrait être immédiat… Pourquoi peignez-vous ? J’aurais pu vous demander Pourquoi respirez-vous ? La réponse est plus ou moins la même… Il y a quelque chose dans le portrait, qui dépasse l’art de reproduire, d’illustrer, de figer dans le temps un visage éphémère. C’est cette caractéristique première qui lui donne tout son intérêt, toute la profondeur de son art… Vous la connaissez aussi bien que moi, comtesse. Vous avez juste à en briser le secret… »

Le Baron s’était rapproché et Katelyne ne pouvait plus voir qu’à moitié la lumière tremblotante des chandelles qui illuminaient la pièce. Enveloppée dans l’ombre de Malavoy, elle ne leva pas la tête pour lui répondre…

« Contrer la mort, figer la vie… Atteindre l’éternité… »

Elle sentit le sourire s’agrandir sur les lèvres de son invité plus qu’elle ne le vit ; elle refusait toujours de le regarder… En avoir une telle conscience était presque physiquement douloureux, mais elle ne fit que s’engoncer de plus belle dans son aveuglement. Elle suppliait intérieurement que sa réponse suffise, que ce sourire détestable soit dû au soulagement intense d’avoir enfin obtenu ce qu’il voulait… Ce qui restait de l’esprit de Katelyne d’Hespérion lui susurrait que ce n’était évidemment pas le cas. Elle entendit son rire très léger et son ombre s’agrandir encore autour d’elle.

« Non… C’est beau comme tout, digne d’un roman, en tout point sublime ! Mais c’est une réponse beaucoup trop facile… »

Elle vit, finalement, sa main se poser avec légèreté sur l’accoudoir de son fauteuil, l’éclat rouge de sa bague personnelle lui piquer le coin de l’œil. Mais elle ne réussit toujours pas à le regarder… Elle ne voulait pas savoir ce qui se cachait au fond de ces prunelles enfoncées dans ce faciès si commun. Katelyne se sentait trembler, tendue comme un arc, noblement hiératique, enveloppée comme elle l’était dans sa superbe d’aristocrate.

« Trop ésotérique peut-être, futilement abstrait. Il est vraiment très simple de brandir de vagues idées dans l’air, comme si elle justifiait un monde : elles sont l’écrin de la médiocrité. Vous êtes libertine, comtesse, n’est-ce pas ? Ou en tout cas, vous aimez à le faire croire… Soyez matérialiste, mon enfant, diablement pragmatique. Pensez à la réalité crue, à ce que vos sens vous dictent ; on ne peint pas un visage comme le mien par amour de l’infini, ou alors par pur mauvais goût…»

Il ne bougeait pas, dangereusement proche, trop à distance pour donner la moindre certitude. Katelyne resta figé et se mordit la langue. Elle ferma finalement les yeux quelques secondes, elle se sentait faible, minable. Elle avait envie de le tuer pour le dégoût odieux qu’il crée en elle…

« Le contrôle… »

Elle-même n’aurait jamais entendu son murmure, tant il était étouffé, imperceptible, arraché à regret. Pas le moindre sentiment de victoire ne s’échappa pourtant de la silhouette fixe de Malavoy ; il avait le même ton léger, paternaliste, peut-être un petit plus murmuré…

« Un tableau s’accroche au dessus d’une cheminée, où personne n’y prête la moindre attention. Il incarne tout ce qu’il y a de vieilli, de terne, d’immobile, de démesure étouffée… Et pourtant, il voit tout, entend tout, juge… Et sourit, cher comtesse ; un portrait sourit toujours d’une manière ou d’une autre… Celui que vous avez fait de moi est un très bon tableau, car son sourire est admirable. »

Katelyne tourna légèrement la tête ; de la main du baron, elle remonta lentement jusqu’à sa manche, la courbe de son épaule, le dessin trop rude de sa mâchoire, le plissement amusé de ses lèvres…

« Je souris sans joie, avec un dédain comique ; il n’éclaire pas mes traits, je reste banalement laid. Les gens l’apprécie parce qu’il les met à l’aise. Ils sont alors emplis d’un intense sentiment de supériorité qui les émeut au plus haut point… Christophe de Malavoy n’est pas un ennemi de taille, comtesse, il n’est pas assez « trop » pour cela. Ni trop beau, ni trop laid… Un juste-milieu sans importance. Mais peint par vous, il fait peur… Et cela vous dérange.»

Il se redressa légèrement en la fixant toujours avec une espèce d’affection nouvelle.

« Je peins ce que je ne peux pas contrôler… Le monde, les gens, le temps… Je veux les maîtriser, mais je ne sais pas le faire. Personne ne peut le faire…», avait-elle répondu, comme un défi.

Elle vit sa mâchoire trembler légèrement, alors qu’il réprimait sans beaucoup d’effort un petit rire. Il devait se dire, avec humour, qu’il savait tout aussi bien citer les romans…

« On peut tout contrôler, comtesse, comme on peut tout peindre… Même la mort… »

Le Baron s’était penché vers elle d’une façon imperceptible et elle s’était redressée, pour se mettre à distance, le regard brûlant d’une curiosité qu’elle n’arrivait pas à contenir. « Figer la vie », avait-elle chuchoté…
Elle ne s’était pas demandée s’il l’avait entendu. Elle regardait ses yeux, trop étroits, trop enfoncés, trop brillants, son sourire affectueux, le glissement léger de ses doigts sur la toile de satin. Un simple murmure suave…

« Tout est question de technique, mon enfant. Il suffit juste de savoir comment s’y prendre… »
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Zaza
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MessageSujet: Re: Présentation   Présentation Icon_minitimeMer Fév 18, 2009 9:22 pm

Bon, et bien je vais me permettre de poster ma presentation a la suite de celle de la matriarche.... Ca va surtout paraitre ridicul apres les posts de mado... mais bon:

Comme je l'ai deja dis plusieurs fois... je ne veux pas vraiment developper mon personnage en fiche, et vous laisser le decouvrir comme des grands tout a long de l'histoire...

Alexandria, (enfin, ce sera surtout Alex et Alexandra ici, cela convient plus a l'epoque...) est une jeune vampire de 52 ans, pure, et enfant naturel de Wilheim lui-meme infant de la matriarche.
Son debut d'existance perpetuelle a ete jusqu'a la pas des plus extraordinaires, née peut de temps apres la fin de la seconde guerre mondiale, elle se laisse assez aller quand a la construction d'un caractere et est assez lunatique.
C'est une grande et, comme tout les membres de la famille... [=P] magnifique vampire. Elle est brune en generale, a de grands yeux presque noirs, mesure 1m80 et a des gouts vestimentaires tres extremes qui changent selon ses "phases".
C'est la seule des "enfants" qui n'a pas de dons, et doit donc se contenter des qualités basiques des vampires.
Elle a demandee dernierement a la matriarche, dans un conseil de famille, la permission "d'introduire" un humain dans le manoir...
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MessageSujet: Re: Présentation   Présentation Icon_minitimeMer Fév 25, 2009 12:53 pm

Mina est le plus jeune vampire du manoir, et celle qui a le plus de mal à se servir de ses pouvoirs. Elle contrôle le feu, l'eau et la terre. Alors, surtout avec le feu, elle ne peut pas s'empêcher de faire des gaffes (elle a déjà cassé une dizaine de violons _son père déprime à chaque fois_ et plusieurs centaines de vases_ la c'est sa mère qui s'énerve).
Elle mesure a peu près 1m67 (c'est précis tout ça!!), elle est très jolie (comme tout le monde ds ce manoir), ses cheveux sont longs et bouclés, couleur chocolat comme ses yeux. Elle aime bien les jolies robes (du même genre que dans Orgueil et Préjugés), ne se met jamais en pantalon, même quand elle jardine, se bat (contre qui?), ou fait un effort physique en général. Elle est très gracieuse, a des formes généreuses. Elle ne chasse qu'en extrême nécessité et jamais seule; elle se débrouille tjs pour être accompagnée (au cas ou elle fait une gaffe...)

Mais ses pouvoirs lui ont permis de développer un don pour le jardinage; elle a la main verte. Elle s'amuse donc a embellir le jardin derrière le manoir (elle y passe la majorité de son tps)et sa chambre a une allure de serre géante. Et puis, pour se faire pardonner de casser tous ces vases, elle les remplit des plus belles fleurs pour sa moman!
Elle considérée par la majorité de la famille comme "une gamine de dernière minute" (n'est-ce pas?). Elle manque alors affreusement de crédibilité vis-à-vis des autres. Elle se sent totalement inférieure à ses sœurs et à son frère. Elle admire la matriarche, son élégance, son esprit, son don pour la peinture, etc. Son rêve est de devenir un vampire à son image.
Même si elle se plaint de ne pas être prise au sérieux, elle se borne à garder son allure de jeune fille (vers 15 ans), parce qu'elle a justement peur qu'un jour, la matriarche ou un membre de la famille lui confit une mission trop importante: elle est assez peureuse, bien qu'elle soit très puissante grâce à son pouvoir (étant donné que le feu est un point faible des vampires...). Elle résiste d'ailleurs un court instant à la chaleur du soleil. Elle a un peu peur de grandir, en tout cas jusqu'à ce qu'elle ait le plein contrôle de sa force, pour l'instant, elle est la petite gamine du manoir, et ça plait bien a ses parents.
Elle s'entend bien avec Eléna, et ses parents. Quant à sa sœur Alexandria, elle ne lui parle pas beaucoup parce qu'elle a un peu peur de ses "phases"; elle préfère les choses qui durent, stables; quant à son frère, il lui semble qu'il n'est pas très sociable et qu'il ne l'aime pas énormément. Elle n'ose pas s'adresser à la Matriarche et se contente de l'admirer de loin! Et Finn, et bien elle ne le connait que très peu, mais il fait parti des vampires qu'elle préfère éviter.
Elle s'énerve dès qu'on ne lui cède pas. Elle fait souvent des caprices, pas d'une grande importance, mais souvent. Et arrivé à un certain point, elle s'emporte et comme le manoir est éclairé avec des bougies, elle crame parfois des trucs... Son père lui a appris a jouer du piano, elle prend ça très au sérieux et s'entraine beaucoup.

Bon ben voila! Beaucoup de blabla pour pas grand choses finalement...
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Mado
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MessageSujet: Re: Présentation   Présentation Icon_minitimeLun Mar 30, 2009 8:19 pm

(Ahah! Victoire! Cocotte est enfin transformée! Ca lui aura pris du temps, mais elle est un peu lente à la comprenette cette brave matriarche. Alors, après "Katelyn et le reste du monde", "Katelyn et la peinture" et "Katelyn et les animaux à dents longues", rendez-vous pour le chapitre 4: "Katelyn à la ferme"!)

III- Résurrection :

Katelyne ne pouvait pas dire qu’elle avait peur ; le sentiment qui lui serrait la poitrine était beaucoup plus complexe et cent fois plus profond qu’une terreur frissonnante. Un mélange artistique entre des milliers de teintes : l’angoisse, le goût, l’admiration, le respect, l’orgueil, la fierté, la haine, le plaisir, la sensualité, le rouge, le noir, le blanc, le chaud et le froid… Et encore des centaines d’autres couleurs qu’elle n’aurait pas été capable de définir.
Debout au milieu de cette pièce sombre, qui sentait la peinture, elle pouvait voir les quelques rayons de soleils qui filtraient à travers les jalousies, traverser l’obscurité comme des lignes coupantes de poussières illuminées.
Ce n’était pas la première fois qu’elle se trouvait dans l’atelier personnel du Baron ; elle avait déjà eu l’occasion de le visiter brièvement pendant les deux semaines brumeuses qui avait succédé leur rencontre. Elle y avait découvert des chefs d’œuvre qu’elle n’aurait jamais imaginé pouvoir contempler un jour, mais le tableau que Christophe de Malavoy lui avait montré aujourd’hui n’était semblable à aucun de ceux qu’elle avait déjà vu.
« Cette peinture est très particulière, comtesse… Elle cristallise plus ou moins tout ce dont je vous ai déjà parlé. C’est, selon moi, le pourquoi de ma raison de peindre. Elle est tout ce qu’un tableau devrait être… Elle est tout ce que « peindre » veut dire. »
C’était les mots exacts de son hôte ; en matière de peinture, il parlait facilement par énigmes. Au début, Katelyne n’y avait pas prêté plus d’attentions que cela. Mais elle ne s’était jamais attendue à poser les yeux sur une telle chose.

Elle savait, quelque part au fin fond de son esprit, qu’elle aurait dû se sentir profondément gênée, que le rouge aurait dû lui monter aux joues depuis plusieurs minutes. Il y aurait dû y avoir un sentiment viscéral de malaise, de honte. Elle aurait dû se confondre en excuse, simuler un mal de tête et s’enfuir d’ici… A la place, elle avait juste cessé de respirer et elle sentait sur elle le regard perçant du Baron silencieux, debout et immobile, devant la porte close.
Ce qu’elle voyait sur la toile était son propre reflet, plus lumineux peut-être et qui ne lui ressemblait en rien. La jeune fille peinte affichait un sourire des plus aristocratiques et tout dans les courbes de son corps respirait la beauté. Mais sa sensualité ouverte, sa beauté sculpturale, la position légèrement effacée de son demi profil, l’air subtilement mutin de ses yeux, le pli séducteur de ses lèvres n’était rien face à l’impressionnante sensation de contrôle qui s'échappait de la moindre parcelle de son être. C'était un sentiment qu'elle n'avait jamais été capable d'éprouver, un sentiment qu'elle n'avait même jamais été capable de reproduire dans un tableau. Elle s'était peinte de nombreuses fois et elle s'était toujours détesté... Peut-être y avait-il tout le reste, mais pas ça. Et il n'y avait rien de plus désagréable que de découvrir que ce qu'elle avait toujours cherché en elle-même avait été découvert par un autre qu'elle... Malavoy ne l'avait pas peinte comme on peint n'importe qui; il y avait dans son oeuvre une maîtrise et une fascination telles qu'elles en coupaient le souffle.
Il est facile de sourire devant un tel tableau, d'admirer sincèrement la passion avec laquelle le peintre s'est investi dans son oeuvre; Katelyne l'avait fait de nombreuses fois. Mais elle n'avait jamais été la cause de ce genre de génie. Et c'était dangereusement attirant...
Deux instincts contraires lui tiraillaient la peau. Le premier lui hurlait de s'enfuir à nouveau et c'était celui qui lui était le plus familier depuis qu'elle avait rencontré le baron. Le deuxième était plus sournois, plus serpentin... Il se frayait un chemin sinueux dans ses veines et la poussait à s'approcher un peu plus de la toile, sans se formaliser du bruit étouffé des pas qui se rapprochaient d'elle.

« De quoi avez-vous peur, comtesse? »

Il était très près d'elle maintenant, beaucoup trop près d'elle et elle sentit sa voix contre sa nuque autant qu'elle l'entendit doucement au creux de son oreille. Il n'y avait pas un bruit autour d'eux; face à elle, lui bloquant la vue, ce fameux tableau, derrière elle, Malavoy, trop large, trop grand et trop près... Pour la première fois elle se sentit véritablement pris au piège, comme un rat au fond d'une cage.
Katelyne reprit son souffle dans un sifflement assourdi, révélateur de l'angoisse qui lui oppressait, malgré elle, la poitrine. N'eut-elle pas tenu par la seule force de son orgueil démesuré, elle en aurait pleuré de frustration... Sa voix, comme son être entier, la trahit encore.

« Vous êtes complètement fou. Vous êtes malade... Comment peut-on oser... »

Le rire du Baron la coupa moins dans son élan que la sensation brûlante de sa main sur son épaule; l'éclat rouge sang de sa bague lui agressa le coin de l'oeil. Il était dans son dos, en traître. Elle ne pouvait pas le voir...

« Fou vous dîtes? Mais pourquoi? Peut-être vouliez-vous dire « sadique », « pervers » mais « fou », comtesse, n'a pas vraiment de sens. Qu'est-ce qui vous gêne tant? Que j'ose vous montrer le tableau que j'ai fait de vous? C'est vous voir sur cette toile qui vous choque? C'est savoir ce que je vois quand je vous regarde que vous torture, mon enfant? »

Il s'était enfin écarté d'elle, avait fait quelques pas et se tenait bien droit à côté de son oeuvre, la contemplant de toute l'assiduité de son regard et de son éternel sourire. Il passa une main légère sur la toile tendue, d'un geste expert et ses lèvres se plissèrent dans une moue sceptique...

« Je croyais que nous étions tombés d'accord, lorsque nous parlions peinture la première fois que je vous ai rendu visite. Au fond, ce qui vous terrifie comtesse, c'est que ce tableau ne soit qu'une idéalisation sensuelle, une espèce de fantasme tiré du fin fond de l'esprit malade de ce fou laid qu'est Christophe de Malavoy. C'est cela qui vous fait peur, comtesse? D'être l'objet de mon fantasme... Qu'il y ait quelque chose de bassement animal dans mon intérêt pour vous et qui dépasse tout le reste. Oh, oui, cela vous fait peur... Cela vous dévore le coeur; vous en êtes pleine jusqu'à l'angoisse. Ma pauvre comtesse, pour une libertine si reconnue, vous faîtes preuve de bien peu de confiance. Après tout, les sens, le plaisir dans toutes ses déclinaisons possibles, n'est-ce pas le fondement même de votre existence? »

Pendant qu'il continuait son discours, d'un ton calme et posé qui tranchait royalement avec le fond même de ses propos, il s'était à nouveau rapproché d'elle. Il lui faisait face cette fois et Katelyne se mit à regretter les quelques minutes où il s'était trouvé derrière elle... Voir son visage aux traits aigus et marqués, ses yeux enfoncés, les arêtes trop saillantes de ses pommettes conférait trop de réalité à la scène. Et Katelyne d'Hesperion n'avait aucun envie qu'elle le soit....

« Ne vous approchez pas de moi... »

Son sourire s'agrandit encore, mais il ne s'écarta pas; elle ne voyait plus le tableau maintenant. Sa forme et son ombre envahissait tout son espace. Il n'y avait plus que lui...

« Voyez, comtesse, vous êtes prisonnière de vos conventions. De ces pathétiques règles de bienséance qui vous protège du reste du monde extérieur. Mais ce sont des réflexes d'enfant; ils ne vous mèneront nulle part. Si votre imagination corsetée dans les images traditionnelles de votre temps n'avait pas interprété à l'avance pour vous le moindre de mes gestes, chacune de mes paroles, vous auriez peut-être enfin pu comprendre ce que je cherche à vous dire. »

« Vous parlez comme si vous étiez au dessus du temps, Baron. C'est d'une prétention abyssale ! Vous vous croyez préservé des codes de votre société, vous croyez être différent de tous ses imbéciles parmi lesquels vous vous fondez? »

« Tout comme vous, comtesse, mais j'ai de meilleurs raisons de le faire... Quand j'ai peint votre portrait, je ne me suis pas enfermé dans des semaines de déni parce que j'avais peur de ce que j'avais trouvé. Vous vous leurrez sur tout, comtesse, vous vous façonnez vos propres limites pour être bien certaine de ne jamais avoir à aller au-delà de ce que tout le monde fait. Je me fonds dans cette foule, parce que cela m'amuse et que rien ne vaut l'anonymat pour aspirer à plus. Vous le faîtes parce que régner sur des ignares vous donne l'impression d'être cent fois plus qu'eux... »

« Taisez-vous ! »

Cette fois, c'était elle qui avait bougé. Elle s'était dégagée de lui avait une violence qu'elle n'aurait jamais cru possible; elle l'aurait presque frappé si elle ne s'était pas retenue. A la place, elle se mordit la lèvre avec une telle force qu'une goutte de sang perla à l'intérieur de sa bouche et le goût amer du cuivre lui donna envie de vomir. Mais elle n'en était plus à ce stade là désormais, elle voulait fuir, s'en aller, disparaître de cet endroit, se sortir définitivement de la folie qui menaçait de la submerger. Comme une bête acculée crache sur son prédateur, elle combla ce silence terrifiant d'une voix sèche et haute. Elle était tellement plus que lui...

« Vous ne savez rien de moi, Baron, strictement rien. Vous apparaissez partout comme si vous déteniez le savoir du monde, avec vos airs faux et vos petits sourires certains. Mais vous n'êtes qu'un voyeur et un moraliste, dévoré par je ne sais quelle obsession vicieuse qui vous ronge comme une gangrène... Alors n'ayez jamais la prétention de venir me juger, jamais, vous l'entendez, jamais! Vous êtes tellement, tellement moins que moi... »

« Arrêtez de faire semblant de ne pas comprendre comtesse; vous n'êtes pas belle quand vous feignez la stupidité. Et c'est un gâchis que je ne souffrirais pas de votre part... »
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Mado
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MessageSujet: Re: Présentation   Présentation Icon_minitimeLun Mar 30, 2009 8:20 pm

La remarque, comme tant d'autres, la laissa muette. Elle se figea comme une statue au milieu de la pièce alors que dans son esprit, tous les plans les plus extravagants qu'elle avait pu monter se réduisaient en miettes. Pourquoi maintenant? Encore une question à laquelle elle ne voulait pas répondre... Et pourtant, ces quelques mots lui avaient fait l'effet d'un coup de poing dans l'estomac. Laide et stupide... Deux mots qui ne devaient jamais pouvoir s'attribuer à elle.
Le sourire du Baron avait disparut et inconsciemment, Katelyne sentit son malaise s'accroître. Il y avait quelque chose d'effrayant dans la ligne blanche que traçaient ses lèvres serrées au milieu de son visage. Il fit un pas vers elle, qui ne bougeait toujours pas... Elle se rendit compte que sa voix aussi avait changée, alors qu'il fermait en quelques secondes l'espace que la séparait de lui. Ce n'était qu'un murmure assourdi à quelques centimètres à peine de son propre visage.

« Où est votre belle rhétorique, comtesse? Pourquoi brutalement vous abandonne-t-elle au moment où vous avez le plus besoin d'elle? Allez-y comtesse, noyez-vous dans un flot de paroles, fuyez encore et toujours, il y aura bien un moment où vous rencontrerez un mur. Vous êtes un animal particulièrement difficile à attraper; j'avais l'habitude de faire beaucoup moins d'efforts... »

Le sourire réapparut brièvement, carnassier et violent, pendant quelques secondes, glissant sur l'éclat étincelant de ses canines. Un sentiment puissant la prit aux tripes et elle se redressa un peu pour lui faire face, relevant la tête et tendant ses muscles dans un automatisme fou. Elle aurait pu feuler en montrant les dents, faire le dos ronds; cela la surprit presque de ne pas entendre son grognement intérieur. Le regard de Malavoy étincela à nouveau et elle sentit plus qu'elle ne vit ses deux mains se lever en signe d'apaisement, comme il l'avait déjà fait deux semaines plus tôt, mais ils étaient beaucoup trop proches. La même sensation bouillante lui vrilla les sens lorsqu'elle sentit ses paumes froides sur sa peau, mais elle ne réagit pas. Au point où elle en était désormais...

« Vous avez diablement raison comtesse, je suis rongé de l'intérieur par un désir insatiable qui finira inévitablement par me tuer. Je le traîne avec moi, chaque jour, chaque minute de chacune des années qui glissent sur moi. Un gangrène purulente qui me dévore l'esprit... Je suis en dehors du temps, comtesse, je suis en dehors de votre temps. Et c'est cela qui vous attire... La puanteur de mon mal vous fascine autant qu'il vous révulse, parce que vous en portez les germes. Cette malédiction d'inachevé qui résonne au fond de votre esprit et dans la moindre parcelle de votre être. »

Katelyne ne pouvait s'empêcher de l'entendre, comme elle ne pouvait s'empêcher de tressaillir en sentant remonter le long de ses bras le contact léger de ses doigts, jusqu'à frôler la base de son cou. Elle ne prit pas la peine de parler distinctement, elle n'en avait pas besoin...

« Il y a des limites à notre pouvoir, Baron. Vous pouvez chercher le contrôle, vous ne le trouverez pas. C'est impossible... »

« C'est quelque chose que vous m'avez déjà dit, comtesse... »

Il y avait du rire dans sa voix, une sorte d'affection étrange et déplacée, qui n'avait strictement rien à voir à ce qu'elle avait pu expérimenter avant. Malavoy sembla s'en rendre compte, comme toujours...

« Vous aimez l'impossible, comtesse. Vous aimez les barrières qu'il érige autour de vous... Mais c'est un peu trop facile, vous ne trouvez pas ? Aspirer à quelque chose de tout son être, tout en se persuadant que l'on y arrivera jamais, c'est se rouler en boule et mourir. J'ai passé des siècles à peindre des folies jusqu'à ce que je tombe par hasard sur vous... Ce qui vous gêne dans mon portrait - ce qui vous a gêné dans le vôtre - ce n'est pas ce qu'il y a derrière, ce n'est pas la perfection de la forme. C'est la conscience d'avoir capturé ce qui ne se capture pas comtesse, d'avoir dépassé les limites de l'envisageable. Mon « obsession vicieuse », que vous avez si admirablement nommée, est toujours la même... Je vous en ai parlé ce fameux soir; vous aviez finalement compris. Il n'y a rien de mal à vouloir se sortir de son cadre, comtesse, ou s'il y en a un, il n'est pas de notre ressort. Laissez le reste du monde juger de votre morale, souriez, effacez-vous et continuez à avancer... Il ne vous survivra pas. »

Katelyne mit enfin un nom à la sensation qui prenait petit à petit possession de son corps: la tentation... Pas celle de ses romans, ni celle de sa supposée religion, quelque chose de beaucoup plus sombre, de beaucoup plus attirant. Mais elle n'arrivait toujours pas à céder; quelque chose la retenait encore de le supplier de cesser ses énigmes, de lui dire vraiment qui était Christophe de Malavoy et comment elle pourrait jamais arriver à atteindre ce qu'il lui faisait miroiter. Ce qu'il proposait n'existait pas, c'était une folie onirique, impossible à atteindre; impossible, impossible, impossible... Avec une lenteur qui lui parut soudaine, le Baron se pencha un peu plus et le froideur brûlante de ses mains remonta imperceptiblement le long de son cou. Elle cru vraiment entendre ce qu'elle lut dans son regard, le questionnement muet de ses yeux dévorés de curiosité; elle eut l'impression fugace qu'il allait la tuer. Comme ça, sans raison... Mais elle ne pouvait pas se résigner à lui répondre. Si elle désirait les mirages qu'il lui proposait? Plus que tout au monde. C'était au-delà de tout ce qu'elle avait jamais lu, au-delà de tout ce qu'on lui avait jamais enseigné. L'éternelle arrogance qui agaçait les dieux, qui vous menait à votre mort. Le simple désir de peindre encore...

« Non, Baron... Vous êtes bel et bien fou. Ce n'est pas humain... »

Ce fut un nouveau sourire, la caresse menaçante de son souffle sur sa peau et quelques mots sans importance d'une logique implacable...

« Mais je n'ai jamais dit que cela l'était... »

Katelyne d'Hesperion avait déjà perdu depuis longtemps; elle n'eut qu'à sentir contre son cou la morsure dévorante des lèvres de Malavoy pour en prendre conscience. Et ça n'avait pas le goût d'une damnation éternelle...

(Texte trop long pour un seul post; désolée!)
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